Rencontre avec Marie Preston
Lors de mes études aux beaux-arts, j’ai travaillé trois ans au côté de femmes maliennes dans une association à Montreuil. Je tricotais pendant qu’elles cousaient des boubous. Puis j’ai filmé des dessins rituels tracés par les femmes sur le seuil des maisons dans le Sud de l’Inde. Depuis, je n’ai eu de cesse de me déplacer pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons.

On est le fil rouge, Coton, lin et chanvre, 400 x 160 cm. Marie Preston avec Claudine Alberti, Nicole Blanc, Colette Copin, Simone Garzo, Justa Lopez et Léonore de Saint Gerand. Photo : Gaëlle Cognée
« Lors de mes études aux beaux-arts, j’ai travaillé trois ans au côté de femmes maliennes dans une association à Montreuil. Je tricotais pendant qu’elles cousaient des boubous. Puis j’ai filmé des dessins rituels tracés par les femmes sur le seuil des maisons dans le Sud de l’Inde. Depuis, je n’ai eu de cesse de me déplacer pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons. Les rencontres et œuvres créées au côté de ou avec des personnes appartenant à d’autres cultures m’ont conduite à chercher des réponses du côté de l’ethnographie, à en étudier les fondements coloniaux et la déconstruction de ses méthodes pour tendre vers une esthétique dialogique et de la relation. Je me suis intéressée aux transformations des pratiques agricoles par la colonisation, aux jardins partagés, à la disparition des terres maraîchères en Seine-Saint-Denis. Puis, dans le pays de Tulle, j’ai rencontré des personnes habitées par un désir d’autonomie énergétique, guidées par une démarche proche des potier·ères de La Borne, village entouré de forêts construit sur une veine de terre où j’ai été en résidence. Puis, j’ai appris à faire du pain. La dimension co-éducative des pratiques artistiques coopératives ou de co-création est centrale dans mes recherches. Enfin, si les épistémologies postcoloniales m’ont aidé à penser des modalités de relation, le recours aux pensées féministes s’est progressivement affirmé. Représentation de la femme, la place de la parole féminine dans l’espace public et rôle des femmes dans l’économie de subsistance ont traversé toutes ces années. »
Conférence dans le cadre de l’ARC Des terres. Marie Preston est invitée par Vanessa Desclaux.
L’intervenante
Marie Preston est artiste et maîtresse de conférences à l’université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis (Laboratoire TEAMeD / AIAC). Son travail artistique se constitue comme une recherche visant à créer des œuvres, documents d’expérience, avec des personnes a priori non artistes. Ses recherches ont porté ces dernières années sur la pratique boulangère, sur les écoles ouvertes et les pédagogies libertaires et institutionnelles, sur les métiers féminins du soin et de la petite enfance. Elle a participé dernièrement aux expositions Cum Panis au 19 CRAC à Montbéliard (2024), 40 ans du Frac ! Gunaikeîon, Réserves (2024), Le Pays du futur, MMOMA, Moscou (2023), L’art d’apprendre. Une école des créateurs, Centre Pompidou Metz (2022). Elle a codirigé avec Céline Poulin et en collaboration avec Stéphanie Airaud l’ouvrage Co-Création (Éditions Empire et le CAC Brétigny) en 2019 et a publié en 2021 Inventer l’école, penser la co-création (Tombolo Presses et CAC Brétigny – réimpression 2023).
Informations pratiques
Conférence gratuite, ouverte à tous·tes
Visiteurs extérieurs : Réservation obligatoire en utilisant ce formulaire.