Dans nos recoins
→ 8FÉV.25
Marine Chaleron, diplômée de l’ENSAD Dijon en 2023, a été sélectionnée pour l’édition 2024-2025 de la résidence « Excellence Métiers d’Art » proposée par l’ENSAD Dijon et le lycée Henry Moisand à Longchamp
Le lycée Henry Moisand, section Céramique, est labellisé EMA (Excellence des Métiers d’Art). À ce titre il bénéficie d’un soutien du rectorat de l’académie de Dijon et de la DRAC Bourgogne-Franche-Comté pour l’organisation d’une résidence d’artiste. Chaque année, un appel à candidatures s’adresse aux diplômé·es de l’ENSAD Dijon de l’année en cours et des deux dernières années.
Ce dispositif de résidence a pour vocation de contribuer à l’ouverture culturelle des élèves du lycée, de participer à leur réussite scolaire par la valorisation de leur créativité, de leurs compétences appliquées et de la pertinence de leurs pratiques plastiques. Il a également pour objectif de soutenir l’insertion professionnelle de jeunes artistes, diplômé·es de l’ENSAD Dijon, par la promotion de leur projet artistique et la dotation d’outils de production.
Jury
Amel Nafti, directrice de l’ENSAD Dijon
Simon Freschard, responsable de la communication et des partenariats de l’ENSAD Dijon
Bénédicte Vernet, proviseure du Lycée Henry Moisand
Corinne Choukroun, professeure au Lycée Henry Moisand
Valérie Josserand, professeure au Lycée Henry Moisand
Rémy Fenzy, Conseiller pour les Arts Plastiques, Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne-Franche-Comté
Yannick Caurel, Conseiller éducation artistique et culturelle, Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne-Franche-Comté
Marine Chaleron
“Récemment sortie de l’ENSAD Dijon, je suis une jeune artiste plasticienne.
Ma pratique artistique gravite essentiellement autour de la céramique, entre sculptures, peintures et photographies.
Je suis dans un processus de répétitions de gestes, l’épuisement de ses formes et de sa radicalisation ou au contraire de sa complexification.
Dans une pluridisciplinarité, j’entremêle sous différentes strates l’histoire d’une chair mouvante, la terre. Expérimentations, incuits, difformités… Ce sont des fragments organiques tracés et gravés qui dépeignent à la fois rapports de force, gestualité, le vivant, langage, artefacts d’un temps, ou encore mémoire commune. Vision onirique d’un microcosme biomorphique liant nature, humain, terre et chair.
Mes recherches sont intrinsèques à la ruralité, l’informe, l’étrangeté, l’équilibre, le mou. L’idée de mu, matérialité d’un corps, de tordre, plier, créer de nouvelles surfaces. J’aime jouer avec l’architecture, proposer mes pièces au mur ou encore à même le sol et investir les coins. Travailler le métal, plier, souder, arquer afin de l’incorporer dans mes sculptures pour mettre en avant les faces habituellement cachées de mes pièces. Je veux offrir une autre vision que l’on se fait de la céramique. Déformation, rebut, recyclage et changement de fonctions de ce qui est considéré raté. Ce sont des hybridations de cultures, savoir-faire, carthographie de réalisations afin de pousser les limites d’un médium, de le révéler. Récemment, je me suis remise à la peinture sur céramique, mettant en lien des éléments de vie de l’ordre de l’infraordinnaire. Dans les recoins, en flânant dans des pays inconnus, j’ai voulu sublimer des moments, objets, actions invisibles si l’on ne s’y attarde pas. Montrer l’envers d’une belle surface… »
Son projet pour la résidence
« Lors de mes différents voyages, rencontres, j’ai commencé à emmagasiner beaucoup de photos, certaines pas vraiment réussies, et d’autres n’ayant pas vraiment de sens. Le point commun de celles-ci était de témoigner mon passage, garder une trace, mémoire de ces moments, mais aussi rendre visible l’invisible tant des comportements humains que de l’environnement.
Dans les recoins de ces photographies, rues, paysages, personnes, j’ai commencé à m’intéresser aux rebuts, objets délaissés ou bien vacants. J’aimerais donner aux étudiants l’opportunité de créer des scènes de vie contemporaine telles que dans la Grèce antique avec leurs poteries traitant d’un quotidien, de l’intime… L’idée serait d’aller farfouiller dans les archives photographiques ou bien familiales, allant de ce vieux téléphone perdu dans un tiroir contenant des tranches de vie de notre adolescence , que dans des albums poussiéreux.
Se replonger à travers notre enfance, nos yeux, et les yeux de nos proches, s’attarder sur un noël, une fête, vacances, un spectacle, dîner, anniversaire… Aller dans les recoins des décors, anecdotes ou bien d’autres actes qui paraissent banals, mais qu’on a pris la peine de capturer. Ces moments qui nous sont chers. Se replonger à travers ces matrices vectrices de différents temps, époques. Créer quelque chose qui transcende les générations. Toutes ces photographies peuvent devenir une mine d’or afin de créer une pièce de théâtre en plusieurs actes, une sorte de portrait de famille, ou bien d’autoportrait. Dans un premier temps, il y aura donc une recherche du fond, qu’est ce que je veux représenter ? Un espace typique du cher tonton ou bien le dessous d’une table de classe où j’avais collé un chewing-gum en 2012 ? … Attacher un peu plus son regard sur l’anodin qui nous entoure et composer avec.
Dans un second temps, il y aura la question de la forme. Pourquoi pas en se replongeant dans les archives, demander aux personnes présentes ce que symbolisent ces événements ? Quelle forme lui viendrait à l’esprit durant cette nostalgie, quels objets ? Réunir différents esprits et créer son propre album, sublimer chaque formes, identités, actions à l’intérieur. Peindre sur de la céramique des tableaux contemporains d’habitudes, gestes ou coutumes. Immortaliser différentes scènes, objets, inconnus, de son vécu et celui de son entourage. »